EXPOS

ALEX MLYNARCIK ET RICHARD KöHLER

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Laisser l’oeuvre inachevée…

La création artistique – et je pense à celle représentant “les arts visuels”. Comprenant avant tout, les arts plastiques en regroupant toutes ses pratiques. Mais également le théâtre ou encore le cinéma. CREATION !

“Laisser l’œuvre inachevée”, c’est un moment extrêmement important, à mon avis même crucial, qui stimule la communication entre l’artiste et son public qui en est destinataire. “L’oeuvre inachevée” suscite alors une tension indispensable et un lien créateur – à savoir qu’elle pose “une question” à laquelle elle attend de recevoir “une réponse”. “Des questions et des réponses” ?! Stimulation, curiosité appellent une répercussion / une réflexion – positive ou négative. Les deux positions s’avèrent sans ambiguité plus insistantes autant par “la question” posée que par le degré et la profondeur de leur réception. C’est ainsi qu’elles deviennent encore plus stimulantes, mais avant tout plus provocantes pour la réceptivité des deux parties de ce jeu !

Richard Köhler est un artiste qui a remarquablement pénétré ce mystère. Il nous présente ses visions de ce qui est, à son avis, “une oeuvre inachevée”. Ce n’est pas un hasard, mais une intention mûrement pesée de l’artiste afin de créer cette tension magique entre l’artiste (expéditeur) et son public (destinataire), d’offrir à ce dernier la possibilité de remanier à sa façon la question lancée par l’auteur et d’en faire une oeuvre achevée. Il s’agit en effet, d’une tension et d’un panorama des opportunités créatives. Les deux parties deviennent alors coauteurs de l’oeuvre définitive.

Richard Köhler est un voyageur aux yeux ouverts. Dans ses “regards de reportage” il présente sa capacité d’observation de mettre en lumière ce qui est en apparence imperceptible, inaperçu… apparemment sans importance. A New York, à Paris, à Tokyo et ailleurs. Nous sommes émerveillés par ses traverses révélatrices qui nous montrent des macro regards sur le paysage environnant. Ce sont des témoignages de l’existence et de la vie ici et là.

En inventant “l’oeuvre inachevée”, il ouvre un vaste dialogue et nous invite à une active co-création !

ALEX MLYNARCIK, novembre 2016
 

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Liens photo-factuels

Celui qui a vu l’oeuvre de Mlynarcik à l’exposition universelle Expo 2015 à Milan, en Italie, “l’enviait”, celui qui ne l’a pas vue, ne peut que regretter. Entrer dans le labyrinthe et le dramatique des relations entre les mannequins, voilà l’objectif principal visé par l’auteur. Éveiller le respect pour l’agitation, éventuellement laisser une trace de son identité via une empreinte, un message. Parcourir la connaissance historique des scènes de rue Pop Art à travers les traditions des Nouveaux Réalistes, c’est ce qui nous invite à pénétrer dans le ressenti, la façon de penser et la philosophie de l’auteur.

À l’origine photographe de métier, Alex Mlynarcik, appréciant la maturité professionnelle de Köhler, se prête au “jeu” de révélation des pensées et émotions matérialisées dans les messages et présentations graphiques. À l’exposition commune de deux auteurs de générations différentes, nous trouvons le suspense d’une aventure qui est le témoignage de plus de deux millions de visiteurs du monde entier. Nous découvrirons non seulement les appels fervents à l’amour, mais aussi ceux à l’espoir, peut-être à l’indifférence et à l’évidence.

MILAN MAZUR,
Directeur, Povazie Art Gallery, Zilina, Slovaquie


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ALEX MLYNARCIK, GRAND-PRETRE DU FOLKLORE INDUSTRIEL
… Eh bien ! Mlynarcik a repris le problème à la base, c’est-à-dire à partir du fétichisme pur. Les reliefs sur lesquels il nous invite à inscrire la trace de notre passage sont de purs fétiches de la chair ou du temps. Présentoirs à seins, bustes dénudés, mannequins manchots, moulages de bas ventres : le corps de la femme est livré, morceau par morceau à la griffe de nos obsessions. Un Saint-Sébastien clouté ajoute à la série la note sado-masochiste de la douleur. Stéles-épitaphes, horloges aux cadrans “aveugles”, boîtes à musique servent de reposoirs à notre angoisse de la durée.
A partir de motivations aussi primaires et essentielles, la réponse ne tarde guère. Disposés dans la maison de l’artiste, placés en dépôt chez des amis, exposés dans une galerie ou dans la rue, les assemblages-fétiches de Mlynarcik attendent notre marque et la sollicitent : ils sont incommensurablement là. Leur disponibilité en soi est aussi provocante que leur symbolique associative. L’envoûtant “da-sein” de ces compositions appelle l’affrontement, l’affirmation d’une présence et d’une action. Chacun de nos graffiti est la trace d’un éveil supplémentaire à la conscience de nous-mêmes et du monde. Il en est sans doute ainsi des sillons qui trouent l’étendue minéralisée d’un Tàpies, des sténographies délirantes d’un Twombly, des griffures nerveuses qui cinglent la bouillie des chairs informelles d’un Fautrier. Mais chez Alex Mlynarcik grand-prêtre du folklore industriel, la manifestation est permanente et nous sommes tous conviés au rite. L’expressivité est collective et la patine rituelle des inscriptions stratifiées communique à chaque fragment du réel la solennité hiératique des objets du culte. Culte du moi, de l’énergie vitale, de l’accord individuel avec les forces cosmiques: c’est la version 1966 d’un culte de l’Humain Elémentaire qui depuis Lascaux ou Altamira nous a valu 40000 ans d’art moderne.

PIERRE RESTANY, Paris, 13 mai 1966

TRIOMPHE DES GRAFFITI
… Le concept de “Manifestations permanentes” s’insère dans cette perspective anthropologique. “La tentation”, environnement événementiel réalisé en mai 1967 à Paris avec la collaboration de Milos Urbasek, s’inscrit encore dans la logique de la ligne d’action des “Manifestations permanentes” dont elle constitue à un an de distance et dans la même galerie (Raymonde Cazenave) à la fois la vérification et l’épanouissement conclusif. En fait “La tentation” se traduisit par un succès de participation. Le public se précipita nombreux sur la “chair” blanche de la foule de mannequins coiffés et maquillés, mis à sa disposition : une “chair” passée à l’enduit gothique, prête à recevoir des graffiti anonymes. Je me souviens encore aujourd’hui de l’un d’entre eux qui m’avait particulièrement frappé. Une curieuse Carte du Tendre sur la poitrine d’un mannequin : un réseau de cercles concentriques déroulés à partir de l’auréole d’un sein et s’élargissant jusqu’à couvrir la moitié du buste.

PIERRE RESTANY, Zilina, août 1994

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Alex Mlynarcik tient une place particulière dans l’histoire de ma galerie. Cette aventure a débuté un jour mémorable de 1964 où, par un de ces hasards qui semble programmé, il rencontre pour la première fois Pierre Restany, sur ces lieux même où tant d’évènements vont suivre : l’Inter • Etrennes en 1972 et le jeu, Argilia en 1977 et l’imaginaire et le rêve.

 

Alex, avec la générosité qui le caractérise, a lancé tant d’idées, tant de propositions qui ont toujours trouvé un écho enthousiaste aussi bien chez les artistes que chez les spectateurs. Il a ainsi créé, à travers les années, un vaste réseau de complicités, d’amitiés et d’échanges, qui trouvera un point culminant avec la grande exposition que nous préparons – Pierre, Alex et moi pour le mois de novembre : “Le temps de l’ailleurs”, une réflexion sur le temps et son sens.

 

C’est avec joie et émotion que j’apporte ce témoignage et redis mon admiration pour cette ouverture généreuse et idéaliste sur le monde que nous apporte Alex Mlynarcik, et à laquelle nous ne pouvons qu’adhérer…

 

LILIANE VINCY, Paris, 1994
Directrice de la galerie Lara Vincy
 

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Alex Mlynarcik
, né en 1934, à Zilina, Tchécoslovaquie. Vit à Paris et Zilina, Slovaquie.

Le leader slovaque de l’art performance s’est manifesté à plusieurs reprises au cours de l’histoire de la galerie :

- Inter • Etrennes, en 1972, une collaboration entre Alex Mlynarcik, Liliane Vincy et Pierre Restany : au moment de Noël, une centaine d’artistes invités à imaginer le cadeau de leur rêve en réalisant une oeuvre-multiple à 10 exemplaires. Parmi eux, Adzak, Mark Brusse, César, Dufrêne, Gilli, Journiac, Kudo, Kowalski, Lavier, Miralda, Gina Pane, Jean-Pierre Raynaud, Alina Szapocznikow, Wolman, etc. Le soir du vernissage le 8 décembre, une grande tombola animée par Pierre Restany - qui actionnait la roue numérotée - permettait de désigner le gagnant d’une oeuvre avec un ticket vendu 1 Franc, puis du 9 au 25 décembre, elles étaient en vente au prix unique de 100 Francs.

- Argillia, en 1977, la galerie Lara Vincy était transformée en Agence Argillia-Presse - le bureau d’information du royaume imaginaire de Mlynarcik : Argillia, le royaume de l’ailleurs - plus de 100 artistes participèrent en envoyant à la galerie leur contribution volontaire : une oeuvre liée à l’intervention sur les massmedia.

- Métamorphoses, messages propotocolaires, 1979 - (exposition personnelle).

- Le temps de l’ailleurs, en 1994 - une ultime collaboration entre A. Mlynarcik, Liliane Vincy et Pierre Restany à la galerie, à l’occasion de laquelle une centaine d’artistes proposèrent une oeuvre en réponse à ces trois questions :
D’où viens tu ? Où es-tu ? Où vas-tu ?

Sélection d’expositions collectives récentes de A. Mlynarcik :
2000, Aspect - Positions - 50 Years of Art in Central Europe 1949-99, Ludwig Museum - Museum of Contemporary Art, Budapest - 2007, Biennale 3, Prague - 2011, Museo de las narrativas paralelas. En el marco de La Internacional MACBA, Barcelone.

Richard Köhler, né le 15 février 1967, à Ceska Lipa, Tchécoslovaquie. Vit à Lietavska Lucka - Zilina, Slovaquie.