EXPOS

JACQUES CHARLIER

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“On est d’autant plus indiqué pour critiquer un art qu’on l’a soi-même pratiqué”
Pierre Reverdy, Le livre de mon bord (1948)


Youri Vincy est heureux d’annoncer la première exposition personnelle de Jacques Charlier Peintures en tous genres à la galerie Lara Vincy, en écho avec l’exposition Jacques Charlier Une rétrospective, commissariat Nicolas Bourriaud, La Panacée, Montpellier, du 14 octobre 2017 au 14 janvier 2018.

À cette occasion, seront présentées une sélection de peintures des années 2000-2017 provenant de différentes séries : “Le parcours de l’art”, arrêt sur image des jambes d’un homme marchant dans l’espace sur fond de ciel bleu au dessus d’un champ verdoyant parsemé de pointes érectiles menaçantes. Ou encore celles en images façon BD Lichtenstein dans lesquelles le texte des bulles a été repensé par Charlier qui s’exerce ici à perturber notre œil et notre esprit pour nous mener directement sur le champ critique de l’art. Il active le même processus dans la série Fessée avec “Predictive art”, une scène de genre avec un personnage en train d’en noyer un autre dans un évier à laquelle l’artiste a ajouté en lettres capitales des énoncés aux thèmes évocateurs : “Curateur bas de plafond”, “Experts officiels multi-casquettes”, “Unité de valeur plastique”…
Autre exemple avec la série des Peintures réparées, des tableaux en diptyques, avec d’une part une toile fendue évoquant Fontana (avant) et de l’autre, la même toile après réparation au fil à coudre (après) et sa vidéo attenante, démonstration filmée nous indiquant la marche à suivre pour les réparer nous-mêmes. L’artiste nous invite, avec humour et dérision, à (re)découvrir l’histoire de l’art, son marché, ses mouvements, ses acteurs, etc. Son esprit critique aux accents corrosifs est présent partout et sa maîtrise absolue de la technique de la peinture nous permet, en apparence du moins, d’approcher l’art au plus près, mais avec un regard toujours plus déconcerté par ses télescopages conceptuels et ses décalages permanents. Ses champs d’expérimentations sont couverts par une multitude de propositions plastiques : photos, bandes dessinées, vidéos, dessins, peintures… L’artiste n’épargne aucun style ni aucun courant, logique pour Charlier, qui affirme n’en vouloir et n’en avoir aucun, nous pouvons alors nous demander si il ne les aurait pas tous à la fois ? Mais en même temps, nous constatons qu’il s’agit chez lui, depuis ses travaux relatifs au STP dans les années 60 jusqu’à ses peintures plus récentes, d’un art d’attitude, emprunt de nombreux détournements et déphasages, qui prend souvent la forme d’une mise en abîme parodique de l’art lui-même.

Un catalogue monographique, “Un art sans identité”, est publié par La Panacée avec la participation de la galerie Lara Vincy à l’occasion de deux autres expositions : celle sus-citée et Jacques Charlier Peintures non identifiées, Galerie Aperto, Montpellier, du 14 octobre au 4 novembre 2017.




LA TRAQUE DE L’ART


“Leur soit disant intérêt pour l’art n’est que la peur animale de rater le prochain Warhol.”
Serge Bonati


En art, il ne s’agit plus d’une œuvre, d’un objet ou de son contenu, mais de sa genèse en tant que produit. Le nom de l’auteur est un label de plus dans l’éventail propre au luxe et à la distinction. Pinault, Saatschi, Vuitton, Rollex, Paris Hilton, Castelbajac, Sisley, Jeff Koons, Cartier, Damien Hirst, Swatch, Prada, Chanel, Hermès, Boucheron, Perrier, Coca Cola, Dior, ont avec des variantes stratégiques de communication, la même volonté d’occuper le terrain médiatique.

C’est la traçabilité depuis son origine jusqu’à la salle de vente qui situe ce super produit quelque part dans la galaxie sociale. Jusque là rien de nouveau sous le soleil, les puissants de ce monde ont de toujours illustré leur pouvoir avec une forme d’art censée apporter à leur image dominante, un supplément d’âme, un passe droit d’honorabilité, un passeport pour l’histoire.

Ce qui aujourd’hui, change profondément la donne c’est la vitesse avec laquelle se pratique la spéculation des objets d’art par un nombre sans cesse croissant de participants des pays dits émergeant. La caractéristique de ceux ci est de lancer sur le marché des succédanés efficaces qui s’alignent sur l’avant-gardisme international avec un brin de couleur locale.

Cette nouvelle mouvance conforte la surchauffe du marché et les surévaluations délirantes qui feignent d’ignorer les crises et les tensions internationales. Dans un clan d’élus dont le champ se rétréci, les acteurs principaux s’enferment dans un système de faire-valoir de jet-set, de marketing avancé, secondés aussi bien par la presse spécialisée et par la presse people. Les collectionneurs leader sont pollués insidieusement par des  influents de tous poils, un entourage de conseillés incultes et coupés des réalités. Les luttes d’influence font rage et les artistes leaders entrepreneurs n’ont pas leur pareil pour brouiller les pistes et agrandir leur part de gâteau.
Ce fameux parcours des œuvres en quête de légitimité peut être réel, falsifié ou fabriqué à coup de certificats de complaisances, d’historiques tronquées et d’effets médiatiques scénarisés, peu importe. Seuls ses indices génétiques lui permettent d’exister. Les seuls arguments convaincants qui entrent en ligne de compte sont les labels des  galeries, des marchands, des salles de vente, des collectionneurs, des curateurs de musées, et des professions annexes. Plus leur réputation est prestigieuse, plus leur collusion avec des marques connues est sérieuse, plus la cote a des chances de rester stable, même si elle est surfaite.

L’ensemble de ces critères d’origine est évidemment tributaire de l’air du temps, des crises bancaires et pétrolières, bref de tout ce qui peut porter une œuvre aux nues, l’occulter ou la faire disparaître de la scène symbolique.

Afin d’uniformiser le marché international, on a créé dans les principales places financières de la planète des musées ou fondation qui peuvent gommer les identités culturelles. Ghery à Bilbao, à Paris Vuitton et à Herford, Piano à Paris, Ming Pei à Luxembourg, Zaha Hadid à Singapour.

Ce type d’architecture exprimant le phare de la modernité légitime se retrouve aussi bien à Pékin et Shangaï qu’à Dubaï, Las Vegas. Les foires d’art ventilent le système à Cologne, Bâle, Bruxelles, Paris, Madrid, Miami, New York, Londres, Singapour, Berlin. Pour le plan tourisme et figuration, il faut ajouter la Biennale de Venise, de Prague, Moscou, Istanbul, Dubaï sans oublier Kassel et sa Documenta. Le même type d’avant-gardisme se retrouve partout, secondé par les revues, la presse, Christie’s et Sotheby’s et leurs hit-parades des meilleures. C’est dans un univers de plus en plus consanguin et embouteillé que se trafique une histoire de l’art à la carte, au fil des modes et des remakes.
Parfois, au moment où on s’y attend le moins, on découvre de l’Art.

J. Charlier, Venise, 2009



JACQUES CHARLIER


Né en 1939 à Liège (Belgique).
Vit et travaille à Liège.

Expositions personnelles récentes (sélection) :

2017    
La route de l’art, Centre culturel, Verviers/B
2016    
Peintures pour tous, Mac’s, Grand-Hornu/B
L’art de la déception, Galerie M.B.-X.L., Bruxelles/B
Road Art, Galerie Flux, Liège/B
Photos sketches & Hard’Music, Galerie Nadja Vilenne, Liège/B
2014    
Mise en abîme, Cornette de Saint-Cyr, Bruxelles/B
2013    
Jacques Charlier, No style, Only ideas, Cultuurcentrum, Hasselt/B
Photographs of Openings, Exhibition Research Center, Liverpool/GB
The End of the World, rue de Senne, Galerie Fortlaan, Bruxelles/B
2012    
Schriftuur/Scripture, Cultuurcentrum, Bruges/B
2010    
100 sexes d’artistes : Montpellier/F - Galerie 4, Nîmes//F - Académie des Beaux-Arts de Nîmes/F - Chic and Cheap, Liège/B - D’une certaine gaieté, Liège/B
2009    
100 sexes d’artistes, événement off pendant la Biennale de Venise/IT
Libérer Lamartine, Galerie Art Attitude Hervé Bize, Nancy/F