EXPOS

PASCAL LE COQ

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Le soir du vernissage, signature du livre "Hyperobjets d'art", publié aux éditions Incertain Sens récemment avec le concours du Frac Bretagne et de la galerie Lara Vincy.
 
Pour sa quatrième exposition personnelle à la galerie Lara Vincy, Pascal Le Coq présente trois nouvelles séries d’objets issus de son encyclopédie OXO : les HYPEROBJETS D’ART, des packagings sur lesquels ont été décelées des signatures d’artistes, les VEXILLUM, des planches de drapeaux recomposés, et, enfin, un grand tableau intitulé CARREFOUR SEMANTIQUE, version abstraite d’un logotype représentant une célèbre chaîne d’hypermarchés.
Depuis 1996, Pascal Le Coq prélève des icônes dans le monde médiatique et les restitue, transformées en nouvelles icônes artistiques. D’abord sous une forme imprimée dans sa revue encyclopédique OXO. Puis, comme c’est le cas aujourd’hui, sous une forme tridimensionnelle dans l’espace d’une galerie. Chacun des titres de ces objets donne lieu à une double définition dans OXO : la première étudie l’économie de cette expérience artistique et est réservée aux abonnés, qui reçoivent un morceau d’encyclopédie quatre fois par an en échange du financement de l’impression. L’autre concerne les objets eux-mêmes et peut se dévoiler dans l’espace public. Ainsi :

   HYPEROBJET D’ART = Produit d’hypermarché ou de grand magasin contenant de manière involontaire la signature d’un artiste sur son emballage, par le principe du logogriphe ou de l’homonymie. La révélation de cette signature est obtenue par la suppression des signes superflus (la peinture utilisée pour les recouvrir étant de la même couleur que le fond de l’objet original). Ex. : un paquet de Kleenex est un hyperobjet d’art du peintre Klee. (in OXO n°5)
Pascal Le Coq propose que le spectateur, le critique, l’historien tire sa propre analyse de cette définition publiée en 1997. Des interprétations sans doute multiples, et peut-être très différentes de la sienne, étant donné qu’il y a toujours plusieurs niveaux de lecture. Car ce qui l’intéresse, ce n’est pas tant d’avoir trouvé un nouveau support de réflexion sur la place de l’objet dans le marché de l’art, sur le rôle des signatures d’artistes transformées en marques, sur les dérives de la marchandisation ou sur la diffusion de produits industriels dérivés dans les musées.
Non, ce qui est primordial pour lui, c’est la transformation – la transmutation – d’un objet qu’un simple maquillage (le coup de peinture qui masque les signes superflus) peut révéler au grand jour : “Make up = élever !”.

   CARREFOUR SÉMANTIQUE = Logotype transformé dans Photoshop par double effet miroir horizontal et vertical, dans le but de produire une nouvelle forme abstraite dotée de multiples contenus sémantiques. (in OXO n°229)
Au centre de l’exposition se trouve un grand logo des magasins Carrefour transformé en tableau abstrait. Pour Pascal Le Coq, cette forme nouvelle synthétise en un point nodal, pour qui veut bien s’y plonger, toutes les désirs les plus profonds, toutes les envies, tous les possibles. Une nouvelle icône transgenre en somme, fidèle à l’esprit des objets qu’il avait présentés précédemment à la galerie Lara Vincy. On se souvient notamment des “Miss Erotica”, ces ballons retournés comme des chaussettes qui exhibaient leur vessie en érection. “On est ici au carrefour de l’art, de la psyché, de l’amour et du commerce.”

   VEXILLUM = Surface marron recouverte de drapeaux recomposés (par ex. : “LUxembourg + zamBIE = LUBIE”). (in OXO n°1204)
Dans cette exposition, on pourra également redécouvrir la quintessence d’OXO : un vaste détail de la revue encyclopédique développée par l’artiste depuis 1996 – la matrice où tout se conçoit. Nommé “Vexillum”, cet extrait représente 1600 entrées de l’encyclopédie sous la forme de drapeaux recomposés. Le mode de présentation s’inspire des premières pages vexillologiques d’un dictionnaire Larousse. Le fond marron est un mélange de l’ensemble des couleurs des Lubies, Pascal Le Coq reprenant à son compte la fameuse déclaration de Jean Dupuy : “Marron est la somme de toutes les couleurs”.
Dans une démarche expérimentale aussi bien que mercantile, l’artiste propose à la vente le Vexillum en cours de réalisation. Et aussi chaque Lubie présente dans cette oeuvre (agrandie au choix de l’acquéreur, comme lorsqu’il exposa pour la première fois cette série de drapeaux recomposés à la galerie Lara Vincy, il y a neuf ans). Un moyen de financer le développement perpétuel – autre sorte d’hyperobjet d’art – de l’encyclopédie OXO. En effet, comme l’annonçait la partie “économie” de la définition publiée dans OXO :
HYPEROBJET D’ART = Ce à quoi tend l’expérience oxo au-delà de toute anecdote, de tout détail et de tout événement circonstanciel [cf. Bibliothèque, Figure, Harmonie, Modèle].
 
Sergei Loubousoi